L’Unesco a pris l’initiative de préparer la traduction française du recueil paru en 1951, à Athènes. Ayis Théros avait consacré toute sa vie à rassembler près d’un millier de chansons, dont l’inspiration trouve sa source dans une des plus riches poésies populaires du monde et dans un foklore remontant au plus profond de l’histoire.
Aujourd’hui, Jean-Luc Leclanche permet au lecteur français de s’initier aux techniques raffinées du vers grec, d’en analyser l’aspect mélodique, la signification profane ou sacrée, le message éternellement vivant transmis à travers les siècles.
Chacune des divisions de l’ouvrage est présentée par un spécialiste : G. Spyridakis (chansons acritiques, chansons historiques et clephtiques, paralogues ou ballades) et D. Pétropoulos (chansons d’amour, chansons nuptiales, chansons d’exil, chansons de deuil).
Introductions de Georges C. Spyridakis et Dimitri A. Petropoulos 1967.
Jacques Lacarrière, écrivain et essayiste, voyageur et érudit épicurien, décédé samedi 17 septembre 2005 à l'âge de 79 ans, était fasciné par la Grèce qui lui a inspiré en 1976 un grand livre sans cesse réimprimé, "L'été grec".
Écrivain, poète, traducteur (du Grec) et avant tout grand voyageur.
Né à Limoge en 1925, il a passé toute sa jeunesse à Orléans, avant de venir passer une licence de lettres classiques à la Sorbonne, à Paris. Parallèlement, il suivait des cours de Grec moderne et d'hindi à l'École des langues orientales.
Son premier voyage en Grèce date de 1947, quand faisant partie d'une troupe théâtrale d'étudiants de la Sorbonne, il est venu jouer à Épidaure. Mais c'est en juillet 1950 qu'il est pour la première fois parti seul en stop. Voyageant la plupart du temps à pied, il est vu comme l'un des précurseurs de la mode de la randonnée, ou des premiers « routards ».
Helléniste passionné, il séjourne en Grèce de 1952 à 1966 et découvre la culture grecque moderne.
C'est la publication de "L'été grec" dans la collection Terre humaine en 1976 qui le fera connaître comme écrivain.
Mais déjà en 1973, il avait fait paraître Chemin faisant racontant une traversée de la France, un ouvrage qui a été réédité près d'une vingtaine de fois.
Jacques Lacarrière a écrit de nombreux livres sur la Grèce antique et moderne, II a publié plusieurs traductions du grec ancien.
Le Premier Ministre et Ministre de la Culture, Costas Caramanlis, a rendu hommage à l'écrivain et essayiste français, Jacques Lacarrière, décédé à l'âge de 79 ans, en soulignant que "la Grèce dit adieu à un vrai ami, un Ambassadeur infatigable de notre culture dans le monde entier".
"Dans chaque manifestation de sa vie, Jacques Lacarrière a incarné l'esprit grec diachronique: l'esprit de mesure et d'harmonie, de lumière et d'humanisme", a affirmé M. Caramanlis dans sa déclaration écrite, mentionnant que "cet amant passionné de l'hellénisme" a invité à travers toute son oeuvre "ses lecteurs dans le monde entier à connaître et aimer la Grèce, antique et moderne".
Le Président de la République, Carolos Papoulias, dans son message de condoléances, à l'annonce du décès de Jacques Lacarrière, a retenu surtout que l'écrivain français avait été un ardent défenseur de la Grèce, refusant absolument d'accepter l'idée d'une Grèce antique aux côtés d'une Grèce moderne, d'une langue ancienne et d'une langue moderne, insistant sur l'unicité de la Grèce.
"Jacques Lacarrière était un intellectuel et écrivain dont l'oeuvre a été reconnue internationalement. Helléniste et admirateur de la Grèce, Lacarrière a longtemps vécu en Grèce ayant avec un ouvrage tel que "L'Été grec" dépeint avec brio une mosaïque de la vie en Grèce", a souligné aussi M. Papoulias.
Australienne de naissance, mais grecque de coeur, Gail Holst est professeur associée de littérature à l'Université Cornell à New-York. Comme claveciniste, elle a accompagné entre autres Théodorakis et Dyonisos Savvopoulos.
Né à Limoges en 1925, Jacques Lacarrière passe son enfance à Orléans « dans un tilleul au milieu du jardin », écrit des poèmes et étudie le grec au Lycée. Il parcourt à pied la Sologne, pays du Grand Meaulnes. Son existence est très vite marquée par deux passions : l’errance, qui vise à « s’enraciner dans l’éphémère », et l’écriture qui transmet cet éphémère à travers le temps.
Il découvre la Grèce en 1947 avec le groupe du théâtre antique et arrive en octobre 1950 au mont Athos. Il y fait l’épreuve de la solitude monastique et de la spiritualité orthodoxe. Pendant ses séjours, il tient un journal illustré de dessins, de poèmes et de photographies.
Mont Athos, montagne sainte (1954) offre une large place à l’image. Il publie en 1957 une traduction d’Hérodote, qu’il compare souvent à Henri Michaux, établissant ainsi un pont entre l’Antiquité et le monde contemporain. En 1960, il consacre un essai à Sophocle. Ce texte érudit manifeste le souci d’une formulation simple, capable de communiquer les mystères de l’univers.
Cet intellectuel libertaire a découvert au mont Athos son intérêt pour les itinéraires mystiques. Son existence est partagée entre la France et la Grèce : il voyage en autocar ou à pied, il séjourne à Patmos, « lieu rêvé pour oublier la fin du monde », où il poursuit son journal sans idée de publication.
Il traduit La vie légendaire d’Alexandre le Grand (1962) et les Fables d’Esope (1965), mais aussi des auteurs modernes : Georges Séféris ou Yannis Ritsos.
Le coup d’Etat des colonels en 1967 marque la fin de ses séjours en Grèce. Jacques Lacarrière s’installe dans la maison familiale de Sacy, en Bourgogne et entreprend en 1971 un voyage à pied à travers la France.
Son esprit est ouvert à toutes les formes d’exploration du langage secret de ce monde, celui qui permet la contemplation de l’immense et la recherche de la vérité.
Le grand prix de l’Académie française, en 1991, ne modifie pas son parcours. Jacques Lacarrière porte un regard d’ethnographe ironique sur la France du XX ème siècle, sur ses objets et ses phénomènes de société, qui lui restent plus étrangers que les campagnes du Péloponnèse ou le désert d’Anatolie.
Nikos Kazantzaki est né en 1883 à Candie, dans l’île de Crète. Il étudia le droit à l’Université d’Athènes et vint à Paris où il suivit les cours de Bergson qui l’influença profondément. Revenu en Grèce, il commença à publier ses premières œuvres poétiques et philosophiques. Il entreprit ensuite de longs voyages documentaires en Allemagne, Russie, Espagne, Egypte, Chine, Japon, etc. Les impressions de ses voyages ont, dès leur parution en grec, été considérées comme des chefs-d’œuvre du genre. En 1945, il entra dans la vie politique grecque, il fut nommé ministre mais démissionna très vite pour reprendre en toute liberté son activité littéraire. En 1947, il vint en France et se fixa à Antibes en exil volontaire. Il mourut en Allemagne en 1957.
Editions du Centre d´études sur l´Asie Mineure 1976 - Editions Actes Sud 1996.
En ce temps-là, dans les villages grecs d’Asie Mineure, perdus dans le vaste territoire de l’Empire ottoman, naissaient des contes. Issus de légendes encore plus anciennes, puisant dans d’autres contes, d’Orient et d’Occident, voyageant de bouche oreille pendant des siècles, ils ont été retranscrits par Calliopi Moussaiou-Bouyoukou dans les années cinquante, recueillis auprès des rares aèdes encore en vie.
Des histoires insolites, dures et tendres, crues et merveilleuses, pures et païennes, fruits d’une longue tradition orale et qui n’avaient jamais été écrites, où l’on retrouve mêlés la féerie et le cauchemar, le surnaturel et le quotidien.
Contes recueillis par Calliopi Moussaiou-Bouyoukou
Romancier britannique né en 1954, Louis de Bernières a grandi au Proche-Orient, et a vécu en Colombie, où il était enseignant le matin et cow-boy l'après-midi....
De retour en Angleterre, il s'attelle à l'écriture de sa trilogie latine fortement imprégnée du réalisme magique cher à la littérature sud-américaine.
Après "La mandoline du Capitaine Corelli", récompensé par le Commonwealth Writers' Prize, traduit dans plus de trente langues et adapté au cinéma, Louis de Bernières, publie son cinquième roman " Des oiseaux sans ailes" qu'il a mis plus de dix ans à écrire.
" Ceux qui sont restés ici se sont souvent demandé pourquoi Ibrahim était devenu fou. Je suis le seul à savoir, mais j'ai toujour été tenu au silence, parce qu'il m'a supplié de respecter son chagrin, ou, comme il a dit aussi, d'avoir pitié de sa culpabilité. A présent, il me semble que nul ne serait trahi si la vérité était enfin connue. Il y a eu chez nous tant de sang répandu que ce ne peut pas être très grave si je finis par raconter le malheur qui a frappé Philothei, douce, chrétienne, futile et belle..."
A Eskibahtché, paisible village d'Anatolie, Grecs, Turcs, orthodoxes et musulmans vivent en paix depuis des siècles. Mais les grandes puissances s'entre-déchirent et bientôt, Ibrahim, Philothei et tant d'autres sont emportés dans la tourmente.
Dinos Christianopoulos est un homme de Grèce du Nord, de Thessalonique, où il est né en 1931 Entré en littérature en 1950 , il appartien à la seconde génération des poètes et prosateurs thessaloniciens d'après guerre. Pour comprendre en profondeur la poésie et la prose de Christianopoulos, il est utile de se référer à l'éducation religieuse qi'il a reçue dans sa jeunesse; il lui doit quelques aspects de son comportement moral et de sa sensibilité. L'esthétique du poète alexandrin Cavafy a aussi largement contribué à la formation de sa personnalité. Sur le plan de la sexualité, par exemple, il se trouve dans la même impasse par rapport à son entourage social, d'où sa difficulté à vivre certaines situations.
Toutes ces particularités se révèlent dans "Destins brisés" ces neuf nouvelles qui interpellent le lecteur par l'identification très réaliste de l'auteur à ses personnages, au point que leur destin semble être le sien. Une musique lancinante s'élève, nostalgique, faisant accepter l'inacceptable : la musique du rébétiko, expression originale des marginaux urbains dont les racines plongent dans le passé bariolé de la musique populaire, mais qui prit un nouvel essor à partir de 1922 dans les ports de la mer Egée...
Un dictionnaire amoureux ? L'amour peut-il vraiment s'épeler de A à Z ou, lorsqu'il s'agit de la Grèce d'alpha à oméga ? Pourtant depuis que j'ai entrepris l'écriture de ce dictionnaire, j'ai rarement éprouvé un tel plaisir à construire, inventer un livre en choisissant amoureusement les mots qui lui conviennent. Ce type de livre procure une liberté à la fois totale et révélatrice. Cela devient et cela est un inventaire personnel, c'est à dire subjectif, de lieux, thèmes, objets, personnages réels ou légendaires, êtres et amis aimés. Il y a donc fatalement des absences qui ne sont pas des manques puisqu'elles sont volontaires et des présences inattendues.
En conclusion je dirai que le principe du dictionnaire m'a parmis de revisiter la Grèce et ma mémoire d'une façon totalment neuve.
Ethnomusicologue, producteur à France Musiques, Christian Poché est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la musique arabe et collabore à différentes encyclopédies internationales.
Alexandre Adamopoulos est né en 1953 à Athènes. Il a fait des études de droit et de sociologie. Il se consacre, à présent, au théâtre et à la littérature.
Douze et un mensonges est un ouvrage léger et profond à la fois, tout en demi-teintes comme un tableau impressionniste. L'auteur traite ses personnages avec compassion, ce qui donne à tout le livre une maturité, une générosité, une ouverture sur le monde et la vie.
« Je n’entendis pas chanter les oiseaux, ou sonner les cloches. Mais je me souviens encore de ses lèvres contre les miennes, de ce frisson de bonheur. L’amour débordait par mes yeux, mes oreilles, ma bouche, le bout de mes doigts. Ma peau était amoureuse, mon cœur, ma gorge, tout mon corps. Et son amour à elle venait vers moi, j’étais traversé par cette vague chaude, lisse, affolante. Nous étions si proches qu’il n’y avait de place entre nous pour des mots…. J’étais sur le point de terminer la guerre à moi seul, il n’y avait pas de guerre, nous traversions le désert à dos de chameau sous un soleil insoutenable, nous descendions le Nil blanc parmi les odeurs du soir, nous découvrions Samarkand, Kaboul, Benarès… »
Nikos Kokantzis, né à Thessalonique, vit sa première histoire d’amour avec une jeune fille juive de son quartier, qui sera déportée en 1943 à Auschwitz. Kokantzis écrira leur histoire en 1975, pour que Gioconda ne meure pas une deuxième fois lorsqu’il ne sera plus...
Illustration « Huile sur toile », Zenaïda Jéré Briakova, 1909
Quelles sont les conséquences de l'afflux d'immigrés albanais dans les communautés albanophones du Péloponèse, les Arvanites? Que signifie être un musulman parlant le Pomak aujourd'hui en Grèce? Dans quelles conditions se déroule la recherche ethnographique dans les parties de la Macédoine à forte mobilisation minoritaire. Ce volume fait le bilan ethnographique des bouillonnements sociaux et culturels en Grèce pendant cette période d'explosion de la différenciation culturelle à l'entrée de la Grèce dans le XXI è siècle.
Sratis Doùkas est né en 1895 à Moskonissia en Asie Mineure, dans une famille aisée. Il entreprend des études de droits qui seront interrompues par la guerre en 1916 où il est engagé dans l'armée grecque. Il prend part à de nombreux combats, il y perdra un bras et participe à la déroute de l'armée grecque en Asie Mineure. Il commence à écrire en 1924 et commence à peindre en 1927. En 1928 il entreprend une tournée en Macédoine, pour une enquête sur les réfugiés d'Asie Mineure. Il note le récit de l'un d'eux qui deviendra "histoire d'un prisonnier". Il poursuit une triple carrière de peintre, de journaliste et d'écrivain jusqu'en 1983 où il meurt.
1922. Les Grecs sont chassés d'Asie Mineure. L'un d'eux, soldat fait prisonnier, s'évade au péril de sa vie, se cache dans les bois, puis devient berger dans une ferme en se faisant passer pour un Turc, avant de réussir à s'embarquer pour la Grèce quelques mois plus tard. 1928. Stratis Doùkas, peintre et journaliste, lui aussi originaire d'Asie Mineure, rencontre l'ancien évadé dont il note le récit. C'est ce matériau retravaillé qui deviendra Histoire d'un prisonnier.
Né en 1935 à Athènes, Fassianos y étudie la peinture à l'école des beaux-arts de 1956 à 1960 où il a pour professeur Yannis MORALIS.
Il obtient une bourse du gouvernement Français et vient à Paris de 1960 à 1963 pour étudier la lithographie à l'école des Beaux-arts. De nombreuses expositions de son travail sont organisées à Athènes et à l'étranger. Il crée des décors de théâtre et illustre plusieurs éditions de bibliophilie ainsi que des livres de poches. "Fassianos, face aux cieux... Celui dont j'écris le nom, j'ai appris à dire son nom, FASSIANOS ô FASSIANOS ! Je me souviens des premiers jours quand me commença la surprise, d'une nouvelle façon d'aimer... " ARAGON
« Le talent de Houliaras, c’est de nouer en un seul drame la solitude de l’idiot et la vie sans relief de ces « autres » qu’il idéalise ; c’est de nous montrer ensemble, dans une sorte de contrepoint, ce qui se passe dans la tête d’un simple d’esprit et ce qui se passait , à Ioannina et dans les environs, quand les hommes se battaient entre eux…. En somme, ni dans la tête de Loussias ni dans la vie des hommes, vivant en société pour le meilleur comme pour le pire, il n’y a rien derrière le miroir, rien derrière la montagne. »
Nikos Houliaras est né à Ionnina en 1940. Il est un des peintres les plus connus de sa génération. En littérature il s’est fait connaître avec ce roman et avec le recueil de nouvelles Bakakok (1981). Son œuvre très riche comprend des recueils de poèmes et de nouvelles, un long roman : La vie une autre fois et des textes sur la peinture.
Illustrations de couverture et dans le texte Nikos Houliaras.
Série Monde HS N°69 Dirigée par Ismini Vlavianou et Christian Cogné
Editions Autrement
Une île, un archipel, un groupe de Crètes – pour parler comme Homère-, la réunion de quatre territoires, Sitia, Candia, Rettimo et Caneo – pour parler comme les Vénitiens (1211-1669)- de quatre nomes – pour parler comme les Grecs depuis 1913… La Crète trouvera-t-elle jamais son unité ? Ce qui peut donner à tant de diversités et de particularismes un air d’unité, ce n’est peut-être que la tradition : une tradition de souffrances endurées en commun et de libertés durement conquises. La Crète actuelle ne se comprend que par son passé de résistances, étroitement liées au sol et même au sous-sol. Il faut avoir parcouru quelques-unes de ses trois mille cavernes, où les bergers gardent encore leurs troupeaux de brebis et de chèvres et où, une fois l’an, l’Eglise orthodoxe célèbre encore le culte dans plus de deux cents chapelles rupestres, pour réaliser ce que signifient quelques-uns des mythes qui nous sont les plus familiers, du labyrinthe et du fil d’Ariane, du Minotaure et de la victoire de Thésée, du vol de Dédale et d’Icare, des épreuves initiatiques d’Ulysse-Odusseus chez les Géants à Circé l’enchanteresse. Bref, ce sont les luttes de la vie et le dépassement de soi.
« La dualité du Christ », écrit Nikos Kazantzaki, « a toujours été pour moi un mystère insondable ; quel est cet ardent désir de l’homme d’atteindre Dieu, ou plutôt de retourner à Dieu ?». La dernière tentation est un livre tout imprégné de cette obsession du message évangélique qui traversait Le Christ recrucifié, La liberté ou la mort et Le pauvre d’Assise. L’œuvre de ce poète de la violence et du soleil est totalement épique.
“Il faut faire sauter l’Acropole !” – tel était l’appel lancé en 1944 par le cercle surréaliste Les Annonciateurs du chaos. Soixante ans plus tard, un jeune homme vient de passer à l’acte. Le Parthénon a été pulvérisé, la ville est orpheline. Est-elle encore elle-même ?
Tous les regards sont tournés vers la colline vide embrumée de fumée et de poussière. Plusieurs voix résonnent, faisant entendre leur consternation, leur indifférence, leur fanatisme. Quel mobile, quelle punition, pour cet acte inqualifiable ? Quel avenir, pour le pays amputé ?
La Destruction du Parthénon est un objet littéraire singulier, qui ouvre des champs de réflexion sur l’art et la ville, sur l’histoire et l’identité, sur la justice et le sacré. Et qui propose à la Grèce contemporaine une voie plus métaphorique qu’iconoclaste pour aller de l’avant.
Romancier, essayiste et traducteur né en 1968, Christos Chryssopoulos est l’auteur d'une douzaine d'ouvrages. Il est en Grèce l’un des écrivains les plus prolifiques et les plus originaux de sa génération. Ses livres, traduits en cinq langues, ont été distingués par des prix en Europe et aux Etats-Unis. Lauréat du prix de l’Académie d’Athènes en 2008, il enseigne au Centre national du livre grec et publie régulièrement des articles de critique et de théorie littéraire. Membre du Parlement culturel européen (ECP), il a fondé et dirige le festival littéraire Dasein, qui réunit tous les ans à Athènes écrivains et artistes de la scène internationale (http://daseinfest.blogspot.com). Pour ses romans parus chez Actes Sud, Christos Chryssopoulos a été reçu notamment au festival des littératures européennes de Cognac, au festival Est-Ouest de Die et au festival Passa Porta de Bruxelles.
Dix-sept ans après les tragiques événements de la Révolution française de « Mathilde ou les Écirs de la Passion » et « Nul ne la prit fors le vent », nous retrouvons Mathilde en Grèce. Comme tant de voyageurs du dix-neuvième siècle, comme lord Byron, le grand poète anglais, l'Antiquité la fascine. Mais, depuis quatre siècles, le joug ottoman pèse sur le sol grec : aussi est-ce une tout autre réalité qui s'impose... « La Dioné d'Ali » évoque l'épisode méconnu de l'histoire d'Europe qu'est l'indépendance grecque, et clôt la trilogie de Mathilde.
Martine Maury
Après avoir passé enfance et adolescence à Brioude, en Haute-Loire, Martine Maury retrouve dans « Mathilde ou les écirs de la passion » ses profondes racines cantaliennes. À l'exemple de tant d'Auvergnats, elle quitte le pays natal et c'est de Normandie où elle enseigne qu'elle évoque ses chères montagnes. Avec Mathilde, elle pose la première pierre d'une trilogie qui met en lumière sa région d'origine pendant les révolutions du dix-huitième siècle, pour mener ses personnages jusque bien avant dans le dix-neuvième. Dans « Nul ne la prit fors le vent » elle peint les remous de la Grande Terreur, en une mosaïque qui va de Saint-Flour à Paris, sur un rythme haletant. Fascinée par l'idéal qui portait les hommes du XVIIIe siècle, ce professeur de lettres explore les archives du Cantal pour retrouver leur trace. Cet idéal qui enflammera la Grèce.
Alexandre Papadiamantis (1851-1911) est sans conteste le plus grand classique de la prose néohellénique. Son oeuvre est composée essentiellement de nouvelles et de quelques romans.
"C'en est fait mon enfant, je ne puis te sauver. Le sort en a voulu ainsi. C'était écrit. Qui peut lutter contre le destin ? Il est écrit que ton martyre prendrait fin ici. Si je te sauve, je détruis la foi, si je te protège, je trahis le serment. J'ai employé tous les moyens".
Né à Ankara, en Turquie, Metin Arditi vit à Genève. Chez Actes Sud il est l'auteur de Dernière lettre à Théo (2005), la pension Marguerite (2006), L'imprévisible et Victoria-Hall.
Dans la beauté solaire de son île grecque, la jeune Pavlina aime celui qu'elle croit son cousin, Aris. Elle ignore le secret qui dévastera pour longtemps la famille : Aris est du même père qu'elle. L'enfant qu'elle aura de lui, fruit de l'inceste, sera confié à l'adoption.
Titre original : La fin de notre petite ville 1963
Traducteur : Michel Volkovitch
Collection de poche 2002
Editions de l´Aube 1990
Dimitris Hadzis est né en 1913 en Grèce du Nord (Epire), dans la belle ville de Ioànnina. A 17 ans, à la mort de son père, il se retrouve directeur de journal. Devenu communiste, il est emprisonné, torturé et déporté plusieurs fois entre 1936 et 1949, année où il doit s’exiler. Il passera 25 ans de sa vie en Roumanie, en RDA, en Hongrie surtout, où il sera professeur d’université, avant de rentrer en Grèce à la fin de la dictature et d’y mourir peu après, en 1981.
Recueil de nouvelles dont la ville de Ioannina est à la fois le décors unique et le personnage central. La scène est en Epire, au pied des montagnes, entre 1925 et 1945 ; une petite ville de province s’agite ou somnole sous nos yeux, avec ses pauvres et ses riches, ses drames collectifs ou solitaires. Le thème de chacune des histoires est le déclin, la mort lente : chacune raconte la fin d’un groupe social, d’un ordre ancien. Sept variations sur un thème sombre mais ou l’espoir et l’amour ne sont jamais très loin.
Hervé Georgelin, Docteur en Histoire et civilastions de l'EHESS, ancien chercheur Jean Monnet à l'Institut universitaire européen de Florence, est actuellement membre scientifique de l'Ecole française d'Athènes. Il a publié de nombreux articles sur la fin de l'Empire ottoman.
L'histoire de la Smyrne ootomane tardive est exemplaire d'une gestion sociale élaborée impliquant différents groupes humains, aux références religieuses et en partie juridiques divergentes. La pluralité des langues parlées en ville et la diversité des mises vestimentaires donnent au visiteur et au lecteur pressés une impression superficielle de Babel chaotique, alors que les représentations de l'ordre familial et social étaient largement partagées par l'ensemble des Smyrniotes - qu'il s'agisse de citadins grecs, turcs, juifs, arméniens, levantins. La place respective des uns et des autres dans cet arrangement hiérarchisé permettait une cohabitation quotidienne
Nés au début du siècle dans les communautés grecques d'Asie-Mineure pour s'étendre ensuite à toute la Grèce, la musique et les chants dits rébétika sont une des créations les plus originales et les plus spécifiques de la culture grecque d'aujourd'hui. Comme le blues le fut en son temps, ils disent le cri des marginaux, la plainte des esseulés et des laissés pour compte, le credo d'une Grèce réfractaire à toute culture bourgeoise. Ce ne sont pas des créations collectives mais des oeuves dues à des compositeurs anonymes ou célèbres dont certains, comme Bambakaris, Kaldaras, Papaïoannou et Tsitsanis, ont profondément marqué la musique grecque d'aujourd'hui. Ce livre leur rend hommage en présentant une centaine de chansons commentées et traduites en français pour la première fois. Jacques Lacarrière : A vécu en Grèce de 1952 à 1966, époque où il a eut l'occasion de rencontrer plusieurs auteurs de rébétika. Il a par ailleurs traduit un grand nombre de poètes et prosateurs grecs contemporains parmi lesquels Vassilikos, Taktsis, Séféris, Elytis et Ritsos. Michel Volkovitch : A traduit une dizaine de prosateurs grecs contemporains dont Hadzis, Taktsis et Cheimonas, et une vingtaine de poètes d'aujourd'hui qu'il publie dans sa collection "Cahiers grecs" aux éditions Desmos.
Né à Athènes, Vassilis Alexakis a fait des études de journalisme à Lille et s'est installé à Paris en 1968 peut après le coup d'Etat des Colonels grecs.
Il a travaillé pour plusieurs journaux français, dont Le Monde, et collaboré à France Culture. Son premier roman, écrit en français, a paru en 1974. Il écrit aussi bien en grec qu'en français et a reçu le Prix Médicis 1995 pour "La langue maternelle". Il vit aujourd'hui entre Paris, Athènes et l'île de Tinos en Grèce.
Pavlos est rentré à Athènes sans raison précise et sans même réserver son billet de retour pour Paris où il vit et travaille depuis plus de vingt ans.
Il redécouvre une ville, une culture, ses origines, un pays très jeune et très vieux à la fois et choisit bientôt d'élucider un mystère qui semble contenir toutes ses incertitudes : quel est donc le sens de la fameuse lettre E jadis suspendue à l'entrée du temple d'Apollon à Delphes?
"D'abord Cretois et ensuite Grec", tel s'af-firme Kazantzaki. Cretois aussi le "Capétan Michel", commerçant et propriétaire ter-rien de Candie, figure barbare et redoutable de cette épopée insulaire qui illustre un épi-sode de la lutte séculaire contre l'occupant Turc. Un demi-siècle plus tard, le romancier fait revivre ce qu'il a vu pendant son enfance, la résistance d'un village âpre aux couleurs de cendres où tout un petit peuple, derrière les façades noires, brûle de naine et de misère. Mais cette insurrection est aussi une révolte de l'esprit et du cœur, un refus de l'oppres-sion et de l'injustice qui prend valeur univer-selle. Intransigeant, violent, émouvant et cruel. Tel est Kazantzaki, tel est son style. Poète et romancier, philosophe et dirigeant socialiste, Nikos Kazantzaki (1883-1957), dont l'œuvre immense embrasse tous les domaines, est l'auteur grec contemporain qui a rencontré la plus grande audience internationale. La marche des neufs
LE POINT DE VUE DES ÉDITEURS La Marche des neuf est le récit d'une fuite : celle de neuf partisans de l'Armée démo-cratique en déroute dans le Péloponnèse à la fin de la guerre civile. La soif, la faim, la peur dont ils sont la proie, l'hostilité d'une nature aride et celle d'habitants inféodés aux vainqueurs (même les portes des monastères se ferment) prennent ici une dimension exemplaire : c'est le drame universel de la résistance, de la solidarité et de la souffrance qu'écrit Thanassis Valtinos, avec une éco-nomie de moyens, un art de l'ellipse et de l'implicite qui donnent à son récit sa di-mension tragique. Et l'inscrivent parmi ces courts textes qui, sous une apparente lim-pidité, plongent leurs racines très profon-dément dans l'imaginaire collectif. Après des études de cinéma, Thanassis Valtinos, né en 1932 dans le Péloponnèse, s'est engagé contre le régime des colonels, a séjourné à l'étranger, publié des romans, puis a occupé les fonctions de directeur de la Télévision grecque. Il est également traducteur et scénariste et actuellement il préside l'Association des écrivains grecs dont il est l'un des plus imponants.
La petite Angleterre est le nom que les marins donnent à l'ïle égéenne d'Andros. C'est aussi le nom du navire coulé par une torpille allemande sur lequel disparait le marin Spyros Maltabes en 1943. A la fin des années 20, la femme du capitaine Saltafieros, Mina, marie ses deux filles : despotique, elle choisit pour Orsa, l'aînée, un armateur que la jeune fille n'aime pas et pour Moshkha, Spyros. Puis elle installe les deux couples l'un au-dessus de l'autre avec pour simple séparation les planches minces d'un plafond parcimonieux. Aux soupirs que laisse passer ce plancher de misère, Orsa oppose un silence obstiné, jusqu'à la disparition de Spyros.
Ioanna Karystiani dynamite les clichés du mélodrame. Elle tisse, dans une prose ferme et brillante, la chronique exaltée d'une passion dévorante dans un microcosme insulaire sur le point de basculer dans la modernité. Comme ces naïves "broderies de naufrage", l'écriture du désastre devient splendeur d'un monde disparu.
Michel Grodent est né à Verviers en Belgique en 1947. Journaliste, critique au journal Le Soir de Bruxelles il est le traducteur de Georges Séféris. Prix Nobel de littérature en 1963, il a publié de nombreuses études sur les écrivains néo-helléniques (Cavafy, Palamas, Elytis).
"Renouer les fils oubliés de la poésie, de la chanson et de l'histoire, retrouver la trace et la trame de l'alliance qui en Grèce a si longtemps uni le poème à la voix et au chant, voilà l'intention, voilà l'ambition de ce livre" Jacques Lacarrière
Le Cretois Ismaïl Férik pacha a réellement existé. Capturé par l'armée turque alors qu'il était enfant, il fut entraîné en Egypte où il mena une carrière brillante. Devenu ministre égyptien de la guerre, il finit par retrouver sa terre natale... pour combattre une insurrection dont son propre frère, négociant d'Athènes, était l'un des instigateurs.
Telle est la toile de fond de ce roman. Mais le propos de Réa Galanaki est autre, qui interroge le destin d'un homme déchiré par sa double appartenance, rongé par une "maladie du retour" sans remède - cette nostalgie fondatrice de la littérature grecque.
Avec l'odyssée de ce moderne Ulysse, qui se révèle métaphore du destin historique de la Grèce, Réa Galanaki fait la preuve du renou-veau qui s'opère dans une littérature grecque moderne, toute nourrie de ses origines.
Réa Galanaki est née en 1947 à Héraklion (Crète). Licenciée en histoire et en archéologie de l'université d'Athènes, elle vit à Patras où elle se consacre à l'écriture. En Grèce, elle a publié des poèmes, des nouvelles et ce premier roman.
Dimitris Hadzis est né en 1913 en Grèce du Nord (Epire), dans la belle ville de Ioànnina. A 17 ans, à la mort de son père, il se retrouve directeur de journal. Devenu communiste, il est emprisonné, torturé et déporté plusieurs fois entre 1936 et 1949, année où il doit s’exiler. Il passera 25 ans de sa vie en Roumanie, en RDA, en Hongrie surtout, où il sera professeur d’université, avant de rentrer en Grèce à la fin de la dictature et d’y mourir peu après, en 1981.
Comme tous les sept ans, le village grec de Lycovrissi se prépare à représenter le drame mystique de la passion du Christ.
Mais pour les villageois chargés d’interpréter les rôles prncipaux, ce qui n’était qu’un jeu se révèle une véritable vocation ! Le personnage qu’ils doivent incarner devient un modèle. Certains iront jusqu’à vivre ce mystère au plus profond d’eux-mêmes et transformeront la représentation en un drame réel, opposant leur pureté nouvelle à la lâcheté du village !
Roman de la foi vécue et révélée dans un monde simple, roman de la tentation vaincue et de la rédemption, « Le Christ recrucifié » est une œuvre majeure de Nikos Kazantzaki.
Né à Athènes en 1944, installé à Paris depuis 1968, Vassilis Alexakis a publié des nouvelles (Papa), une dizaine de romans parmi lesquels Talgo, Avant, La Langue Maternelle et le récit autobiographique Paris-Athènes . Il est également l’auteur de pièces radiophoniques, de recueils de dessins et de quatre films réalisés en Grèce.
Marguerite n’est pas toujours là. Elle a deux enfants et un mari. S’il est réellement amoureux d’elle, le narrateur regrette parfois les histoires sans lendemain qu’il vivait avant de la rencontrer. Il s’interroge sur la signification de cette histoire, et sur le roman qui pourrait la raconter.
Fasciné par un vieil écrivain allemand du nom d’Eckermann, il parvient à faire sa connaissance et à évoquer devant lui son manuscrit resté inachevé. Pourquoi écrit-on ? Pourquoi est-on amoureux ? Ces questions trouveront leur réponse au terme d’une odyssée intérieure dont le romancier a su faire un vrai et beau roman d’amour.
J'avais marché les yeux bandés, à pas chancelants, hésitants ; j'étais orgueilleux, arrogant, satisfait de mener la vie fausse et restreinte du citadin; la lumière de la Grèce m'a ouvert les yeux, a pénétré mes pores, a fait se dilater mon être tout entier.
Essayiste, conteur dramatique, romancier, critique et directeur de théâtre, Georges Théotokas a gardé dans ses multiples réalisations une attachante virtuosité. Originaire de l' île de Chios, né à Constantinople mais élevé à Athènes il nourrit une paisible impartialité pour les choses humaines.
Dans cette histoire du "Démon", où il présente une jeunesse amorale et déséquilibrée, se dégage une indéfinissable sérénité. Il arrive, avec un art simple et adroit à nous faire aimer ses personnages. Le vieux professeur, sa femme Aglaé, la théâtreuse Iphigénie, le simplet Paul damaskinos sont des figures, non pas inoubliables, mais qui, s'ajoutant à nos expériences nous rendent plus familières les différentes personnes que notre vie a croisées et que le temps a estompées. Il nous rend l'humain proche et amical.
Poète, dramaturge et romancier, Necati Cumali (1921-2000) est également l'auteur de récits de voyages et d'essais consacrés à l'histoire des Balkans durant la période ottomane. Traduits dans le monde entier , ses livres ont souvent été adaptés pour la télévision et le cinéma : L'été aride a obtenu l' Ours d'or au festival de Berlin en 1964 tandis que le Dernier seigneur des Balkans a fait l'objet d'une série de quatre épisodes diffusée sur Arte en 2005.
A partir de faits authentiques, Necati Cumali a imaginé un héros digne d'Alexandre Dumas ou de Victor Hugo, Zülfikâr, héritier d'une longue lignée de propriétaires terriens. En ce début du XX è siècle, l'"Homme malade de l'Europe" est à l'agonie, les pays balkaniques secouent le joug turc, vieux de cinq siècles. La Grèce s'empare du sud de la Macédoine, la Yougoslavie fait main basse sur le nord, et l'Albanie, créée en 1913, occupe l'ouest de la région. Les trois frontières qui séparent ces pays se joignent au milieu des terres de Zülfikâr. Dans la douleur et dans le sang, un monde nouveau voit le jour, et le jeune homme, dernier Seigneur des Balkans, sera de tous les combats
Le grand appareillage raconte la vie et la mort de quelques humbles – bergers ou marins, soldats ou domestiques - , et comment à travers eux, au point ultime de leur destin, se perpétue ou s’anéantit l’âme des Grecs légendaires. Aux héros des premiers récits, éclatants de jeunesse et de force, succèdent bientôt des personnages tour à tour plus simples, plus contemporains.
L’œuvre de Myrivilis est ici résumée dans ce qu’elle a de plus grec ; sa luxuriance et sa sensualité.
Né à Mytilène (Lesbos) en 1890, mort à Athènes en 1969, Stratis Myrivilis est l’un des plus éminents écrivains de la Grèce contemporaine.
Romancier, nouvelliste, journaliste, il est l’auteur d’une œuvre très abondante traduite en vingt langues différentes.
Maro Douka est née en Crète en 1947. Son œuvre, composée de romans et nouvelles, est une des plus représentatives de sa génération.
Ce troisième livre, après La ville flottante et Les peupliers immobiles, semble clore un cycle sur la femme actuelle. Mais les écrivains n’ont pas de sexe. Ainsi dans ce roman Maro Douka s’installe dans la conscience de deux héros masculins. L’immense détresse des relations humaines. A la surface, « le bruit et la fureur » des passions d’un peuple qui continue à lutter avec ses particularités socio-historiques.
La principale caractéristique du livre est peut-être ce que nous trouvons dans toute œuvre littéraire grecque importante : la coexistence d’un esprit européen avec une vision nouvelle de l’aventure grecque contemporaine.
Début du XIIe siècle: dans la petite ville d'Assise, François, fils d'un riche marchand de tissu, vit comme un courtisan. Mais sa rencontre avec frère Léon va lui révéler Dieu et bouleverser sa vie. Pour François, sainteté signifie dénuement total. Que faire alors de l'argent du com-merce paternel ? Que faire de l'amour voué à ses parents et à Claire ? Bientôt rejoint par de nombreux frères, François fonde son ordre. Mais à son retour de Terre Sainte, la communauté a été dévoyée par le frère Elie. Le "petit pauvre" doit alors choisir : reprendre en main l'ordre ou continuer seul son chemin.
La merveilleuse histoire de saint François d'Assise retracée par Nikos Kazantzaki (1883-1957), le plus célèbre des écrivains grecs, qui nous livre ici sa conception,forte et originale, du christianisme.
« Seul un enfant privé de ses parents pouvait incarner ce mal du siècle – l’expérience de la désagrégation des mythes et des idées reçues – et seule une paysanne intacte en sa substance comme tante Roussaki pouvait y porter remède », écrivait Prevalakis à Jacques Lacarrière.
« Toutes les expériences de mon enfance en Crète vinrent se cristalliser autour de cette intuition initiale. L’événement mythique reliant cette mère à cet orphelin est la vandetta, menace meurtrière conçue par les hommes mais qui représente évidemment la destinée commune à tous les êtres ».
Car c’est la mort qui est, avec la Mère, le sujet essentiel de ce livre et qui occupe tous les instants, toutes les pensées, non seulement de l’enfant mais du village entier.
Né en Crète en 1909, où s’écoule sa jeunesse, Pandelis Prevelakis est l’un des romanciers les plus précoces de la « génération de 1930 ». Inspirés par Kazantsakis, ses romans ont moins pour but de cerner l’âme de l’individu que celle de tout un peuple, les Crétois.
Une femme, Mme Ekavi, raconte sa vie à une amie. Vie quotidienne, banale en apparence, mais dont les acteurs et les évènements – tels qu’elle les décrit, les transforme et les imagine – se haussent au niveau d’une tragédie tour à tour sordide et poignante. Son mari, ses enfants, son mariage, son divorce furent-ils vraiment tels qu’elle le prétend ? Nous ne le sauront jamais tout à fait. Les personnages et le décor de ce monde singulier, qui rappelle Jean Genet et Céline, nous font découvrir l’existence quotidienne d’une famille grecque de la petite bourgeoisie, et aussi l’histoire contemporaine de la Grèce.Costas Taktsis, né en 1927 à Thessalonique, a fait ses études à Athènes, au lycée puis à la Faculté de Droit. Après son service militaire, comme interprète d’un général grec, il devient en 1952 à 1954 le secrétaire d’un directeur américain du projet hydro-électrique de Louros, en Epire.
Son premier recueil de poèmes, La Symphonie du Brésilien, paraît en 1954. Il repart alors pour Paris et Londres où il exerce divers métiers. A son retour à Athènes il enseigne l’anglais. Peu de temps après, il s’engage comme matelot sur un cargo danois en Allemagne. De retour à Athènes en 1955, Taktsis publie son second recueil de poèmes, Le café Bysantium.
A partir de 1955, il repart en Afrique, en Australie, en Orient, en Europe. Il revient en Grèce en 1962. La même année paraît son premier roman, Le troisième anneau, écrit en Australie.
En 1989, Kostas Moursélas donne le jour à l'une des créatures les plus agitées de La littérature grecque contemporaine. Emmanouil Rètsinas, appelez-le Louïs, fabuleuse réincarnation de Zorba dans l'Athènes d'après-guerre, rayonne dans sa liberté souveraine sur le roman de sa génération. Une mosaïque d'hommes et de femmes - adorées - aux destins fourvoyés par quatre décennies d'histoire politique désastreuse. Comment faire le portrait de Louïs ? Comment se forment les fleuves ? s'interroge notre narrateur au moment d'entamer le récit de la vie légendaire de son grand ami, ce faiseur de miracles et de catastrophes inoubliable, commandeur invincible sans espoirs et sans craintes de cette formidable fresque sociale et satirique, aussi drôle que féroce. Ce livre a remporté en Grèce un succès populaire sans précédent.
Le village de Kastellos est secoué par la guerre civile. Drakos, chef des partisans, s’est rallié à un consolateur qui a pour nom Lénine. Lui barrant le chemin de la violence, son frère Kyriakos et son père brandissent la bannière de Dieu.
Dans cette lutte sans merci, la force de l’amour s’oppose au feu aveugle de l’idéologie.
Dans ce roman du fanatisme et de l’exaltation, l’auteur de « La dernière tentation du Christ » met son style lyrique et passionné au service de sa foi.
« Photographier » signifie, au sens propre, « écrire avec la lumière ». C'est là ce que fait Vassilis Vassilikos, soumettant à l'éclairage dru de la connaissance la Ville, « l'anguleuse, la déserte, la perfide dans ses carrefours, la traî-tresse dans ses parcs... ». Sur cette toile de fond, les rêves, les souvenirs, les images du présent et du passé se superposent et se complètent. La Ville, c'est bien entendu Salonique - où se situaient déjà Z et la Trilogie. Ces Photographies (publiées en 1964, traduites en 1968), dépouillées du folklore local, sont un long poème d'amour pour une femme perdue, pour une ville, pour un pays, la Grèce, où le mot liberté a longtemps eu un sens tragique.
Plus et mieux qu’une autobiographie, « Lettre au Greco » est l’histoire d’un itinéraire intérieur, placé sous le signe du Geco, parce que ce peintre, d’origine crétoise, nous a laissé des êtres qui sont traversés par la flamme, qui ne sont que flamme. C’est aussi le testament de Kazantzaki, ultime message, où il explique la genèse de ses grandes œuvres et en précise la signification philosophique, morale et religieuse.
Tout cela nous donne la mesure de cet ouvrage considérable, à la fois documentaire littéraire et confession spirituelle de l’un des plus grands écrivains que la Grèce ait jamais produits.
Née en 1897 à Istanbul, la Contantinople des Grecs, Maria Iordanidou est morte à Athènes en 1989. De cette conteuse avertie, extrêmement populaire en Grèce, Actes Sud a également publié Vacances dans le Caucase en 1997.
Gourmande, généreuse, emportée et tendre à la fois, Loxandra la Grecque est une véritable figure de Constantinople. Elle élève ses enfants, veille sur son mari, vit en bonne intelligence avec les vendeurs à la criée et entretient avec la vierge de Baloukli un étroit commerce. Les mariages, les deuils, les départs en mer, les festins de retrouvailles aux mille saveurs, les déménagements rythment sa vie plus que les événements politiques qui agitent cette fin de XIX è siècle.
Pavlos Montessis est un écrivain de tout premier plan en Grèce dont il montre : loin d'une représentation pittoresque - la vérité profonde et enfouie. Il est également traducteur chevronné des grands classiques de la littérature universelle.
Au début du siècle, quelque part dans les montagnes grecques, Elissaios, un homme rude et violent, s'impose comme prophète et thaumaturge. Il s'adjoint un disciple, Zagros, qui le convains de se faire passer pour une réincarnation divine... C'est avec une imagination furibonde, une perversité subversive et une ironie démystificatrice que Pavlos Matessis dénonce la puissance souveraine de l'imposture et l'emprise du mystère sur les âmes, confirmant un talent annoncé par le succès critique de son précédent roman traduit en français, L'enfant de chienne (Gallimard 1993).
C'est sous les portiques de l'Agora d'Athènes qu'on aimerait lire ou entendre lire "L'été grec", témoignage passionné, approche vivante de la Grèce, chronique heureuse de vingt années d'amour avec une terre, un peuple et une histoire.
Toutes les Grèce sont contenues ici : celle d'Hésiode et de Sophocle, celle des hymnes byzantins et des chants médiévaux de Digénis, celle de la mémoires de Makryannis et des kleftika, ces chants épiques de la guerre d'Indépendance, et celle des poètes et des écrivains d'aujourd'hui.
Il fallait bien ces vingt années de mémoire grecque pour que cette terre si visitée retrouve enfin son vrai visage et nous révèle en sa vie quotidienne, ses gestes, sa langue et ses passions, le fil secret qui relie Eschyle à Séféris, Homère à Elytis, et Pindare à Ritsos.
L’été s’achève à Plaka, un village sur la côte nord de la Crète. Alexis, une jeune Anglaise diplômée d’archéologie, a choisi de s’y rendre parce que c’est là que sa mère est née et a vécu jusqu’à ses dix-huit ans. Une terrible découverte attend Alexis qui ignore tout de l’histoire de sa famille : de 1903 à 1957, Spinalonga, l’île qui fait face à Plaka et ressemble tant à un animal alangui allongé sur le dos, était une colonie de lépreux... et son arrière-grand-mère y aurait péri. Quels mystères effrayants recèle cette île que surplombent les ruines d’une forteresse vénitienne ? Pourquoi, Sophia, la mère d'Alexis, a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la déchirante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets... Bouleversant plaidoyer contre l'exclusion, L'Île des oubliés, traduit dans vingt-cinq pays et vendu à plus de deux millions d'exemplaires, a conquis le monde entier.
Reconnu comme l’un des grands écrivains grecs contemporains, Aris Fakinos partage son temps entre « la France où il réside et la Grèce où il vit », comme il aime à dire. Traduits et publiés en de nombreuses langues ses romans sont de véritables épopées de la mémoire, des récits aux dimensions à la fois mythiques et réalistes, qui prolongent jusqu’à nos jours la grande tradition de la littérature grecque classique.
On te découvrit sur la montagne, à plat ventre, les bras grands ouverts. De tes lèvres dépassait encore la petite tige verte d’une marguerite sauvage. Des années plus tard, lorsqu’on ouvrit ta tombe, tu étais toujours intact ! La chose fut attribuée à ton incroyable destin, à la prodigieuse aventure que fut ta vie de rebelle.
Quand je suis né, moi ton arrière-petit-fils, ta vie était déjà devenue une légende.
« Il était une fois un homme qui aimait la terre et que la terre aimait aussi ». C’est ainsi qu’elle commençait.Aujourd’hui, il n’y a plus de légendes. Dans ton pays, dans notre pays, aïeul Photinos, la dernière et la plus belle légende fut ta vie.
Traducteur : Paolo Odorico - Chant d´Armouris, traduit par Homère-Alexandre Théologitis
Editions Anacharsis 2002
L’épopée de Digénis Akritas occupe, pour la civilisation byzantine, un peu la même place que les Mille et Une Nuits pour l’Islam classique ou que l’Iliade pour la Grèce antique.
On y assiste aux exploits d’un héros à la stature herculéenne, fils d’un émir arabe de Syrie et d’une noble byzantine, le long du fleuve Euphrate, dont on dit qu’il prend sa source au Paradis. Digénis – « celui qui est né de deux races » - y affronte fauves, brigands, dragons et amazones, enlève sa belle, qui lui vouera un amour inconditionnel. Au terme d’une vie de luttes et de cavalcades effrénées, il devient l’Akrite, « l’homme de la frontière », à la fois le gardien et le symbole vivant du monde des confins.
Composé en grec sans doute au XIIème siècle, imprégné des souvenirs devenus légendaires des combats multiséculaires entre Byzance et l’Islam, le Digénis, chant de l’honneur guerrier, est aussi un poème de la vie fulgurante, aux accents tragiques.
Poète, dramaturge et romancier, Necati Cumali (1921-2000) est également l'auteur de récits de voyages et d'essais consacrés à l'histoire des Balkans durant la période ottomane. Traduits dans le monde entier , ses livres ont souvent été adaptés pour la télévision et le cinéma : L'été aride a obtenu l' Ours d'or au festival de Berlin en 1964 tandis que le Dernier seigneur des Balkans a fait l'objet d'une série de quatre épisodes diffusée sur Arte en 2005.
Les onze nouvelles réunies dans cet ouvrage restituent une période charnière de l'Empire ottoman dans les Balkans ; fin du XIXè et début du XXè siècle. Elles éclairent aussi les tragédies récentes dans cette région ravagée par les conflits ethniques et confessionnels. Pratiquement autobiographiques ces nouvelles font penser aux oeuvres des classiques balkaniques tels Panaït Istrati ou Nikos Kazantzakis avec une idéologie socialiste et humaniste pouvant instaurer un climat de paix et de fraternité en plus.
Jeffrey Eugenides est né à Détroit en 1960. Il vit actuellement àBerlin. Dès 1988, il publie des nouvelles dans divers journaux. Son premier livre - Virgin Suicides (1993)- est salué par la critique et sera adapté au cinéma par Sofia Coppola. Paru en 2002, Middlesex a connu un succès considérable aux Etats-Unis et en Angleterre. Il a obtenu le prix Pulitzer en 2003
Quelle différence y a-t-il entre une paysanne grecque fuyant Smyrne incendiée par les Turcs en 1922, et une jeune lolita américaine qui découvre qu'elle est aussi un garçon? Deux générations. C'est en effet ce qui sépare Desdemona et Cal, la grand-mère et la petite fille.
Cette extraordinaire saga gréco-américaine, mi-épopée, mi-roman d'apprentissage, est un livre "double". Un demi siècle d'histoire se déroule ainsi sous nos yeux, pour aboutir à ce conte de fées moderne.
Né à Athènes en 1968, Christos Chryssopoulos a étudié l'économie en Grèce, puis la sociologie et la psychologie en Angleterre. Traducteur de l'anglais et critique littéraire, il est l'auteur d'une demi-douzaine d'ouvrages de fiction et d'un essai de théorie de l'écriture.
Sur la place carrée de cette cité en périphérie de la ville déambule un homme sans nom hanté par un souvenir des camps qu'il n'a de cesse de raconter. Les frères Giorgos et Giorgos se promènent avec Nadia, qu'ils ont tous deux prise pour femme. Ici, un beau docker a naguère fini poignardé dans le dos. Là, une adolescente a mis le feu à son lit, un usurier à la jambe de bois se débat avec ses cauchemars, un vieux recueille des chats, une femme sans âge habillée de noir vit avec une ombre, des ménagères traquent la poussière... Mystérieuses, insolites, parfois terribles, leurs histoires se sédimentent en une mémoire collective composant un étonnant théâtre des passions humaines dont le choeur proclame que toute existence, aussi humble soit-elle, recèle sa part de rêve, de tragique et de sublime.
Romancier, essayiste et traducteur né en 1968, Christos Chryssopoulos est l’auteur d'une douzaine d'ouvrages. Il est en Grèce l’un des écrivains les plus prolifiques et les plus originaux de sa génération. Ses livres, traduits en cinq langues, ont été distingués par des prix en Europe et aux Etats-Unis. Lauréat du prix de l’Académie d’Athènes en 2008, il enseigne au Centre national du livre grec et publie régulièrement des articles de critique et de théorie littéraire. Membre du Parlement culturel européen (ECP), il a fondé et dirige le festival littéraire Dasein, qui réunit tous les ans à Athènes écrivains et artistes de la scène internationale (http://daseinfest.blogspot.com). Pour ses romans parus chez Actes Sud, Christos Chryssopoulos a été reçu notamment au festival des littératures européennes de Cognac, au festival Est-Ouest de Die et au festival Passa Porta de Bruxelles.
Michel Déon est né à Paris en 1919. Après avoir longtemps séjourné en Grèce, il vit en Irlande.
Il a reçu le prix Interallié en 1970 pour « Les poneys sauvages » et le Grand Prix du roman de l’Académie Française en 1973 pour « Un taxi mauve », il est membre de l’Académie Française depuis 1978.
Compilation de trois livres : Le balcon de Spetsai 1960 Le rendez-vous de Patmos 1965 et Spetsai revisité 1987/1988 ne sont pas des récits de voyage mais plutôt une immersion au cœur de la Grèce.
« De Spetsai à Patmos, en passant par Rhodes, Corfou, Mytilène, Skyros, Paros, Antiparos , Naxos, Chypre, Hydra, Kalymnos et Leros, j’ai, sur une trentaine d’années, réuni une gerbe d’histoires, de caractères, de souvenirs qui évoquent le parfum de ces îles et leur séduction comme aussi leur tristesse, leur solitude et leur déchéance. Nous savons que les grecs ont plusieurs vérités, mais ce qui est en cause ce n’est pas leur sincérité, c’est leur double appartenance : à l’Occident par le goût et parce qu’ils lui ont donné une civilsation, à l’Orient par nature et parce que la géographie les y oblige ».
"Si on allait fêter Pâques au village ?" Aussitôt l'idée lancée, Photis embarque sa petite amie Litsa et son vieux copain de régiment dans une équipée en 2 CV, direction Kalamata et le village des parents de Photis. Pour les trois citadins désabusés, qui se sont joué le voyage façon road movie, avec pour passager clandestin leur bouteille de Jack Daniels, le dépaysement est réel et la rencontre entre les deux univers cocasse.
Souvent, il ne manque que l'accordéon pour se retrouver dans des ambiances à la Kusturica : l'alcool coule à flots, la belle Litsa, qui est chanteuse de variétés, est vite repérée, et les banquets se déroulent dans la démesure et l'entrain.
Tous les conflits larvés, idéologiques, person-nels ou familiaux, explosent, sur fond de rire et d'ivresse.
Et l'on ne trouverait meilleure photographie de la société grecque contemporaine, entre tradition et modernité, que ce petit roman débridé. Antonis Sourounis vit à Athènes. Pâques au village est son deuxième roman, le premier à être traduit en français.
Pendant plus de quatre siècles, ce port cosmopolite des Balkans où, après les Byzantins et un bref intermède vénitien, les Turcs ottomans avaient établi leur domination, fut une grande ville juive et hispanophone.
Les juifs n’y constituaient pas, comme à l’ordinaire, une minorité marginale. Ils étaient « la majorité », et leur culture donnait le ton à toute la ville. A partir de 1850, Salonique devient progressivement le pôle le plus dynamique d’un Empire ottoman en difficulté. Elle s’ouvre aux connaissances, aux techniques, aux idées, aux mœurs de l’Europe moderne. Tandis que l’Histoire s’emballe au début de notre siècle, la ville est le point de départ de la révolution jeune-turque contre le sultan en 1908 ; passe sous la domination grecque en 1913 ; est directement impliquée dans la « Grande Guerre », de 1915 à 1918, en devenant le camp retranché de l’ « Armée d’Orient ».
Après la Première Guerre mondiale, Salonique change de visage avec son intégration à l’Etat national grec, le grand incendie de 1917, le départ des Turcs et d’une partie des Juifs, et l’arrivée massive de réfugiés grecs venus de Thrace et d’Asie Mineure. Avant la phase finale de l’extermination des Juifs en 1943.
Illustration de couverture : Salonique à l’ époque ottomane, aquarelle Sot. Zissis 1973
Régis Darque est chargé de recherche au CNRS. Spécialiste de géographie urbaine, il travaille sur les villes balkaniques et étudie leur mutation depuis la fin de la période ottomane dans le cadre des Etats nationaux.
Le 26 octobre 1912, après plus de quatre siècles de domination turque, Salonique redevient grecque.Cet événement inaugure une série de transformations majeures, c'est le début d'une grande entreprise de "colonisation intérieure.
Qui se penche sur l'histoire de Smyrne est frappé par le décalage entre le destin exceptionnel qu'a connu cette ville depuis l'Antiquité et l'oubli dans lequel elle est tombée après le terrible incendie de 1922. Izmir, laville reconstruite sue ses cendres, ressemble bien peu à la brillante ville ottomane du XIX è et du début du XXè siècle.
Dès la fin du XXè siècle, Smyrne est un port florissant de la Méditerranée orientale. "Smyrne l'Infidèle" pour ses habitants musulmans parceque les non-musulmans - juifs et chrétiens - y sont majoritaires ; "petit Paris de l'Orient" pour les voyageurs européens qui la visitent au XIXè siècle en raison de l'intense vie intellectuelle qui y règne. Y coexistent européens, chrétiens orthodoxes et catholiques, musulmans et juifs, ce sont les habitants de Smyrne, leur sociabilité, leurs mémoires, de 1830 à 1930, qui sont évoqués ici, pour mieux comprendre un siècle charnière de l'histoire de cette ville trop longtemps oubliée.
Dido Sotiriou est née en 1909 à Aydin en Asie-Mineure. Après une enfance passée dans son village natal et à Smyrne, elle s'installe à Athènes après les événements de 1921 dont ce livre fait le récit. Entre les deux guerres elle étudie la littérature en France et travaille comme journaliste. Elle rencontre Aragon et Malraux. Militante politique, elle a été très active sous l'occupation allemande et pendant la guerre civile. Elle obtient en 1989 le Grand prix national de Littérature pour l'ensemble de son oeuvre et l'année suivante le prix de l'Académie d'Athènes. Elle est membre fondatrice de l "entente gréco-turque". Ce livre publié en 1965, a été traduit dans de nombreuses langues dont l'anglais, l'allemand, le russe, le turc.
"Si le paradis existe, Kirkitsé, notre village, en était un petit coin. Nous vivions auprès de Dieu, tout là-haut dans les montagnes couvertes de forêts touffues ; devant nous s'étendait à perte de vue la plaine fertile d'Ephèse qui était à nous toute entière jusqu'à la mer, à des heures et des heures de marche, couverte de figuiers, d'oliviers, de champs de tabac..."
Dido Sotiriou
Terres d'Egée de Robert Quatrepoint / Photos Jean Cella
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Denoël 1981
Robert Quatrepoint est né le 13 décembre 1933 au Coteau dans la Loire. Il écrira son premier ouvrage en 1961 " Journal d'un être humain" que la critique accueille chalereusement. En 1963 il publie"Yo" puis "Omega" qu'il écrira pendant deux ans dans le Dodécanèse, où il fait de nombreux séjours. Enfin "Mort d'un grec" lui vaut en 1970 le prix Roger-Nimier.
Le texte de cet ouvrage essaie de cerner ce qui constitue l'essence du miracle des îles grecques, Dodécanèse et Sporades n'apportent qu'un support géographique à une tentative d'aller au fond des choses. Le texte est moins une description qu'une radiographie de l'aire égéenne. Mais c'est une radiographie amoureuse.
Athènes, été 1958. Le jeune Ilias, qui vient de perdre sa mère, s'installe chez son père et sa belle-mère, domestique à
demeure d'une octuagéaire d'origine turque. Quand celle-ci rencontre le fils de son jardinie, la vieille dame est étonnée par la prescience qu'il semble avoir de certains détails la concernant, et elle se persuade bientôt qu'il pourra permettre d'entrer en contact avec son frère adoré, mort trop tôt. Dans une maison bruissante de mémoire et embaumée de parfums insolites, Ilias devient malgré lui le passeur d'une histoire de sang dont l'épilogue se jouera, quarante ans plus tard dans une Istanbul transfigurée par la neige.
Né en 1947 à Alexandropoulis, près de la frontière turque, Yannis Xanthoulis vit aujourd'hui à Athènes. Certains de ses nombreux romans, extrêmement populaires en Grèce, sont traduits en plusieurs langues.
De quoi parlaient les Turcs quand ils se retrouvaient chez eux ou au café? Les chrétiens et les juifs d'Istanbul participaient-ils aux festivités du ramadan? A quels jeux jouaient les enfants arméniens de l'Est anatolien? Qui parlait turc dans les Balkans? Comment la vie ottomane a-t-elle évolué au cours des deux derniers siècles de l'Empire, marqués par l'influence de l'Occident et l'éveil des nationalismes? Comment les populations différentes ont-elles pu cohabiter au quotidien? Les Ottomans ont-ils vécu ensemble ou côte à côte?
Un matin de mai 1963 les murs d'Athènes se couvrirent d'innombrables «Z» : le député de gauche Lambrakis venait d'être assassiné en pleine rue sous l'œil complice de la police. «Z» pour «zei» - il vit - devenait le symbole, le cri de révolte du peuple grec. L'étude des minutes du procès a permis à Vassilis Vassilikos de faire, à travers l'autopsie d'un meurtre politique, celle du mécanisme universel qui fait d'un homme un assassin et d'une caste, ses complices.
Le film tiré de « Z » par Costa-Gavras a été un triomphe à travers le monde entier et a remporté plusieurs prix.
Avant de rencontrer Zorba le Grec, l'homme aux yeux tristes, moqueurs et pleins de flamme, l'ingénieur civilisé ignorait à quel-les profondeurs frémissait la vie, jaillissait la source de toute générosité et de toute connaissance. Leur amitié, leur voyage, l'échec de leur entreprise crétoise sont deve-nus légende et parabole universelles. Avec sa sagesse brutale et limpide, sa pensée labyrinthique et rigoureuse, son bon sens oraculaire, Zorba, ce Zarathoustra cousu dans la peau de Sindbad le Marin, représente le triomphe des forces brutes de l'instinct sur l'intelligence pervertie par les morales et les idéologies.
Le cinéma a rendu célèbre ce roman de l'aventure spirituelle qui est aussi un immense poème, sans doute le chef-d'œuvre de Kazantzaki.